La famille Rossetti arrive à Saint-Nazaire en 1924. Giovanni est né le 31 août 1893 à Lanusei (Sardaigne, Italie). Il a épousé Maria-Chiara Bono, née le 14 juillet 1893. Ils ont un fils unique, Silvio, né le 10 avril 1924, quelques mois avant leur départ pour la France (cote 131NUM/1-3). La famille arrive dans le cadre d'une immigration contrôlée et négociée, entre l'Italie, la France et des entreprises françaises. A la fin de la Première Guerre mondiale, la France souffre d'une pénurie de main d'œuvre, notamment dans les secteurs du bâtiment et de l'industrie. Saint-Nazaire est alors une ville portuaire en plein essor grâce à l'activité des chantiers navals, spécialisés dans la construction des paquebots transatlantiques. L'entreprise « Chantier et ateliers de Saint-Nazaire » recrute Giovanni directement en Italie, à Gênes, en mai 1924 (cote 131NUM/11), lui garantissant un travail et un logement pour lui et sa famille à son arrivée à Saint-Nazaire. Il commence par être teneur de tas puis au bout de quelques mois, frappeur-forgeron (cote 131NUM/12). L'assemblage des tôles constituant la coque d'un navire se fait à cette époque avec des rivets. La pose d'un rivet demande le travail de trois personnes : le « chauffeur » chauffe le rivet et l'introduit dans le trou percé dans la tôle, le « teneur de tas » maintient le rivet avec un outil spécial (le « tas ») et le « riveur ou frappeur », à l'opposé, frappe la partie chaude afin de former la tête du rivet. Il travaille ainsi à la construction des plus grands paquebots, tels l'« Ile de France », construit entre 1924 et 1926 et le « Normandie », en 1932.

La famille réside à l'Hôtel des célibataires, un ensemble d'immeubles situés au Pré gras à Méan-Penhoët, et destinés à loger les populations immigrées. Les voisins de palier des Rossetti sont tous Italiens, tout comme la majorité des habitants des trois immeubles, ce qui explique le surnom de « Little Italy » attribué à ce quartier de Saint-Nazaire. Les Italiens y reconstituent leur mode de vie, leurs habitudes culinaires, partagent des moments conviviaux comme le jeu de boules (cote 131NUM/4), développent des solidarités. La famille Buffoni est très liée à la famille Rossetti : Silvio Rossetti et Walter Buffoni sont de grands amis dès la petite enfance et le restent tout au long de leur vie, même si Silvio est scolarisé à l'école privée Saint-Joseph (cote 131NUM/5) et Walter à l'école publique de Méan (cote 131NUM/6).

La Seconde Guerre mondiale touche la famille, comme tous les Nazairiens. L'hôtel des célibataires est réquisitionné par l'armée allemande pour loger ses soldats. Giovanni, Maria-Chiara et Silvio doivent donc déménager et s'installent dans une maisonnette, propriété des "Chantier et ateliers de Saint-Nazaire " à Méan. Mais les bombardements intenses sur la ville en 1942 et 1943, contraignent la famille à se réfugier en Brière, à Crossac (cote 131NUM/8). Les évènements de guerre plongent la famille dans la précarité et les privent d'une grande partie de leurs biens et de leurs souvenirs matériels, mises à part quelques photographies de famille. Silvio travaille comme son père pour la construction navale à partir de 1943 (131NUM/13).

Les Rossetti ne sont retournés que très rarement en Italie, faisant leur vie familiale et professionnelle définitivement en France. Cependant, Giovanni et Maria-Chiara gardent leur nationalité italienne comme en atteste la « carte bleue » de Giovanni (cote 131NUM/17) et ce, jusqu'à leur décès, le 21 avril 1982 pour Giovanni, les 28 juin 1988 pour Maria-Chiara. Silvio, quant à lui obtient la nationalité française en 1949. Il décède le 30 janvier 1976.

Les Rossetti sont une des quelque 140 familles italiennes qui s'installent à Saint-Nazaire entre les deux guerres. L'Italie en 1919 conserve une forte natalité, fait face à un chômage de masse et à des troubles politiques violents liés à l'accession au pouvoir de Benito Mussolini, alors que la France manque de bras et entame une période de croissance économique. Les Italiens alimentent alors les grands flux migratoires européens et viennent en nombre s'installer en France. Mais à partir de 1931, la France subit les effets de la crise partie des Etats-Unis en octobre 1929. Le chômage augmente et le pays se ferme. De nombreux Italiens qui tentent leur chance, comme leurs ainés dix ans plus tôt, sont refoulés du territoire.

Bruno Rossetti, né le 7 juillet 1960 à Saint-Nazaire, fils de Silvio a recueilli des souvenirs et des documents familiaux, et a publié en 2024 un ouvrage intitulé La Little Italy de Saint-Nazaire, retraçant la vie de sa famille mais aussi de la communauté italienne, arrivée dans les années 1920 à Saint-Nazaire.

Type d'entrée : don numérique

Date d'entrée : 19/12/2024

Reproduction et réutilisation par les Archives de Saint-Nazaire et par des tiers, après demande d'autorisation auprès du donateur, sauf pour les publications sur le site internet des Archives et les réseaux sociaux des Archives où la demande d'autorisation n'est pas nécessaire.

Mention obligatoire : Fonds Bruno Rossetti - Archives de Saint-Nazaire. 131NUM

Reproduction et réutilisation par les Archives de Saint-Nazaire et par des tiers, après demande d'autorisation auprès du donateur, sauf pour les publications sur le site internet des Archives et les réseaux sociaux où la demande d'autorisation n'est pas nécessaire.

Mention obligatoire : Fonds Bruno Rossetti - Archives de Saint-Nazaire. 131NUM