Le 26 décembre 1941 Georges Bodin écrit à son cousin René Briand, sur une carte postale représentant le monument américain.

Au dos de la carte postale, la correspondance de Georges Bodin est conséquente au vu de l'importance des évènements qu'il évoque.

Georges Bodin relate la destruction du monument américain mais également l'action de l'aviation anglaise sur la raffinerie de Donges et les bombardements sur le Croisic.

Enfin, la lettre contient des passages sur la vie quoditienne et sur la situation des membres de sa famille dans le contexte de l'Occupation.

Arrivée de la famille Bodin à Saint-Nazaire

Les parents de Georges Bodin, Joseph Bodin et  Marie Constance Bourny sont arrivés à Saint-Nazaire en 1919, suite à la nomination de Joseph Bodin au commissariat de Saint-Nazaire au poste d'inspecteur de police.

La famille va vivre successivement rue de la Ménaudoux, rue du Clos d'Ust et  rue du Commandant Gâté. En 1935, Georges Bodin et son épouse font l'acquisition de leur maison avenue des Sports. Leur fils Georges naît à Saint-Nazaire le 30 juin 1920 au Clos d'Ust. Elève à l'Ecole Pratique d'Industrie il travaille par la suite aux Chantiers comme ajusteur.

La vie de la famille dans le contexte de l'occupation à Saint-Nazaire

Georges Bodin est le témoin des évènements importants qui marquent la ville et les habitants de Saint-Nazaire : la destruction du monument  américain (13 décembre 1941), les bombardements alliés sur la raffinerie de Donges (12 décembre 1941) et sur le Croisic (21 décembre 1941).

C'est en 1917 que l'armée américaine choisit Donges pour l'installation de réservoirs de carburant. Dans les années 30 le site comprend deux raffineries dirigées par deux sociétés pétrolières.

Georges Bodin indique que l'aviation anglaise est passée à plusieurs reprises sur Donges. Le 12 décembre 1941 elle détruit les installations électriques de l'usine et plusieurs réservoirs de carburant et la met à l'arrêt pour plusieurs mois. L'aviation anglaise avait déjà attaqué par deux fois le site dans la nuit du 7 au 8 mai 1941 et dans la nuit du 29 septembbre 1941

Georges Bodin évoque la destruction du monument américain, symbole fort de l'arrivée des troupes américaines à Saint-Nazaireen 1917, en précisant les circonstances de la destruction.

Le 21 décembre 1941 au soir, les Anglais bombardent le Croisic et causent la mort de six personnes : Germaine Rolland, épouse de Charles Le Mauff, ses deux jeunes enfants, Joseph (7 ans), et Marie-Jeanne (5 ans), Yves Coader, Jean Cariou et Jeanne Cariou, réfugiés de Saint-Nazaire.

1943, départ de la famille Bodin en zone de repli

La famille Bodin quitte la ville face à l'intensification des bombardements en 1943. Ils se réfugient à Campbon. Joseph travaille à La Baule, à la Villa Caroline où sont repliés les services de police.

Leur fils Georges se réfugie en Ille-et-Vilaine dans un village à proximité de la Guerche-de-Bretagne à Marcillé-Robert, chez son oncle et sa tante (les parents de son cousin René Briand). Ces derniers avaient une activité de maréchal-ferrant.

Dans sa correspondance, il évoque plusieurs membres de sa famille

Jules Bourny et Rosalie son épouse :

Jules Bourny est né en Ille et Vilaine à Chelun le 8 décembre 1901.

C'est en 1923 qu'il arrive à Saint-Nazaire où il est employé au service des Eaux puis en 1927 aux service des jardins de la ville.

Il épouse en 1924 Rosalie Boîte.

Mobilisé au moment de la Seconde guerre Mondiale, il est  prisonnier à Kassel en Allemagne où il travaille pour le STO [Service de Travail Obligatoire].

Il a été libéré en tant que soutien de famille et est rapatrié 7 janvier 1942.

Après la guerre il reprend son travail pour la municipalité au Jardin des plantes.

Raymond Henri "Le fiancé de Madeleine"

Raymond Henri était résistant, Georges Bodin évoque dans sa lettre sa deuxième tentative d'évasion. Madeleine et Raymond Henri vivaient en région parisienne. Ils ont vécu à Saint-Germain-en-Laye après la guerre. Raymond Henri était également le cousin de René Briand.

A fa fin de la guerre les parents de Georges Bodin retrouvent leur maison, le fils reprend son travail aux Chantiers.

Un membre de la famille de la donatrice a retrouvé une carte postale datée du 26 décembre 1941 rédigée par Georges Bodin (père de la donatrice). Cette carte postale a fait l'objet d'une numérisation par les Archives de Saint-Nazaire.

Don de Madame Francin, le 27/04/2022

Communicable

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Mention obligatoire : Collection particulière. Archives de Saint-Nazaire, 97NUM

3J//21 Donges : documents sur des victimes de bombardement, articles de journaux, faits de guerre, rapport. Fonds Campredon

3J/21 Le Croisic bombardement du 21 décembre 1941. Fonds Campredon

13J Documents relatifs à la conception et à l'édification du monument américain. Fonds Maltier

"Ils sont venus sur les ailes de l'aigle" : le monument américain

GOMIS ESCUER Juan, 2009

Au tableau d'honneur communal et départemental. Jules Bourny, surveillant des plantations et jardins de la ville. Presse Océan 21 avril 1961

Une plaque en souvenir du bombardement du 21 décembre 1941 Ouest-France 30 janvier 2015

BABIN Pierre.APHRN Association préhistorique et historique de la Région Nazairienn, n°90 2017

Le choix de la carte postale n'est pas un hasard comme l'indique Georges Bodin, elle fait écho à la destruction du monument américain le 13 décembre 1941. Il indique que les allemands ont dû s'y reprendre à deux fois.

Le destinataire de la carte René Briand est le cousin de Georges Bodin. Ses parents sont domiciliés à Marcillé Robert en Ille et Vilaine. C'est auprès d'eux que Georges Bodin se réfugie en 1943 et travaille avec eux.

Les feuilles de taupines pour le tabac : les taupines désignent les topinambours qui sont utilisés dans la composition du tabac pendant cette période.