Souleymane Diallo est né à Dakar (Sénégal) le 12 février 1937. Engagé dans la Marine française pour son service militaire, il sert comme "quartier-maître" mécanicien à bord du navire école le Jean-Bart amarré à Toulon. C'est dans cette ville qu'il commence les entraînements de boxe anglaise avec l' Union Sportive de l'Arsenal Maritime (USAM), en avril 1957. Très vite, il remporte de nombreuses compétitions régionales et est repéré par la fédération de boxe pour rejoindre l'équipe de France amateur de boxe anglaise. Il participe ainsi aux IIIè Jeux méditérannéens à Beyrouth (Liban) d'où il sort médaillé d'or de sa catégorie poids moyens, puis  aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 où il rate de peu la médaille de bronze et croise le jeune Cassius (pas encore Mohamed-Ali) Clay.

A Saint-Nazaire, le S.N.O.S. Boxe et son bienfaiteur Henri Fogel sont à la recherche du boxeur qui pourra remplacer Charles Colin, la légende locale, a définitivement raccroché les gants au début de l'année 1960. Henri Fogel a repéré le prometteur Souleymane Diallo depuis quelques années. Soutenu par la municipalité, il le convainc d'intégrer le S.N.O.S. en tant que boxeur professionnel.

Dans son carnet où il a consigné toutes les étapes de sa carrière, Souleymane Diallo indique son arrivée à Saint-Nazaire le 26 octobre 1960. Accueilli par les époux Fogel qui seront sa seconde famille pendant ses années nazairiennes, Souleymane Diallo est également soutenu et choyé par la municipalité de François Blancho. Son entraîneur est Yvon Quefféléan. Surnommé "Queffé" et ancien boxeur lui-même, le Nazairien a révélé tous les talents locaux et stars reconnues des années 1950 à 1970.

Les articles de la presse locale de cette fin d'année 1960 illustrent la pression énorme qui pèse sur le jeune Souleymane Diallo. un défi gigantesque l'attend à Saint-Nazaire, celui de prendre la place de Charles Colin dans le cœur des Nazairiens. En effet la ville veut retrouver sa place dans le monde de la boxe, il lui faut un champion et des titres. A Saint-Nazaire, Souleymane Diallo va aussi rencontrer Maria Chabbert, une jeune employée municipale qui deviendra son épouse en 1962.

Le 16 juin 1963 c'est l'effervescence à Saint-Nazaire : la ville organise pour la première fois un championnat de France dans la catégorie des poids moyens. Souleymane Diallo doit affronter le champion en titre, Hippolyte Annex surnommé "le gitan". Quatre rounds suffisent au nazairien pour ravir le titre et devenir champion de France des poids moyens dans sa ville d'adoption. Les nazairiens peuvent souffler, leur nouvelle étoile de la boxe est née. Ce titre Souleymane Diallo va le défendre et le garder, en 1964 contre Armand Vanucci, toujours à Saint-Nazaire et en 1965 à Marseille contre Jean Beltritti, à chaque fois c'est une victoire par KO.

Il n'aura malheureusement pas la même chance en championnat d'Europe. En 1964, entre deux championnats nationaux, il est battu par KO au 14è round par Bruno Visintin ! Cette défaite et des démêlés avec les dirigeants du SNOS vont mettre fin à sa liaison avec Fogel et le club de boxe en décembre 1964. Il quitte la ville, suivi par son entraîneur Yvon Quefféléan et poursuit sa carrière de boxeur jusqu'en 1969 entre Nantes et Paris.  A la même époque, les Diallo, qui ont eu deux enfants, ouvrent une brasserie à Nantes. A 32 ans, le sportif prend définitivement sa retraite de la boxe et revient à un autre sport qu'il affectionne depuis toujours : le football. Il s'entraîne aussi bien avec ses amis du FC Nantes qu'avec les membres de son club amateur.

En 2014, Souleymane et Maria Diallo se réinstallent à Saint-Nazaire où ils vivent aujourd'hui.

C'est dans le cadre de la Grande collecte des archives du sport, que nous avons rencontré Souleymane Diallo, chez lui à Saint-Nazaire, en octobre 2023. Il a souhaité faire un don numérique de ses archives personnelles en lien avec sa carrière de boxeur. Ces archives, d'une modernité remarquable,  constituent  un témoignage exceptionnel sur l'histoire de la boxe à Saint-Nazaire mais aussi sur la place importante de la boxe dans la culture populaire des années 1950-1960 à un niveau mondial. Elles témoignent aussi du parcours d'un sportif altruiste et habité par le dépassement de soi.

Don numérique de M. Souleymane DIALLO en 2024 à l'occasion de la Collecte du Sport.

Le fonds rassemble 56 photographies, une bande film de 16 mm, un carnet manuscrit, une carte de participant aux Jeux méditerrannéens de Beyrouth, des coupures de presse et des accessoires personnels de Soulemane Diallo : Short et chaussures de boxe, ceinture de champion de France. L'ensemble numérisé représente 79 fichiers.

Les documents ont été numérisés en interne par le service des Archives, les objets ont été photographiés par Martin Launay dans le studio de la Direction de la communication. Le film "8, 9, 10 out !", de Paul Doucet et Pierre Logé, a été numérisé par la Cinémathèque de Bretagne dans le cadre d'un partenariat avec les Archives de Saint-Nazaire, il rejoint également la collection de la cinémathèque et est accessible sur leur catalogue en ligne.

Communicable

Mention obligatoire : Collection Souleymane Diallo / Archives de Saint-Nazaire 119NUM