L' adieu des Nazairiens à François Blancho
Portfolio.- Après toute une vie consacrée à Saint-Nazaire, le maire François Blancho décède le 2 février 1972, deux jours plus tard, les Nazairiens défilent par centaines pour lui rendre hommage et accompagner sa dépouille au cimetière de Toutes-Aides.
Dès le début de cette journée hivernale du 4 février 1972, les habitants, parfois par famille entière, pénètrent dans le hall de l'hôtel de ville paré de milliers de fleurs pour approcher la dépouille mortelle de leur maire.
Coeur de la cité, l'Hôtel de ville inauguré en 1960 est le symbole de l'achèvement de la phase de la Reconstruction, si chère à François Blancho.
Personnalités, camarades de lutte, alliés et opposants politiques et une foule de citoyens anonymes attendent de griffer quelques mots d'hommages dans les nombreux registres de condoléances mis à disposition.
A 16h00 Etienne Caux s'apprête à prendre la parole depuis la tribune installée sur le parvis de l'Hôtel de ville. Élu maire en 1968 lorsque François Blancho, déjà souffrant, lui cède sa place d'édile, Etienne Caux se décrit comme son héritier. Il prononce un discours biographique pour parler de l'homme avec qui il a "oeuvré pendant de longues et bénéfiques années".
Avec une émotion non dissimulée, près du cercueil recouvert d'un tissu noir, le successeur rend hommage au parcours de combattant de François Blancho : du jeune orphelin, chaudronnier des chantiers, au leader syndical puis à l'homme politique et au maire de la Libération, artisan de la reconstruction. Une vie entière dévouée à sa ville.
"... durant toutes ces années, acharné au travail, conscient de la tâche qui lui incombait, digne dans sa fonction de Maire. il ne cessa de combattre que vaincu par une fatigue accumulée au cours de 62 ans de travail au service de ses semblables.
François Blancho, cette œuvre immense que nous avons chaque jour devant les yeux vous survivra, vous en êtes l’artisan principal. La Ville de Saint-Nazaire est fière de vous, elle, dont vous fûtes successivement l'enfant et le père.
Cet élan généreux que vous nous avez légué, saura, j’en suis persuadé, vous arracher à la mort la plus cruelle : l'oubli."
Gaston Deferre, venu en sa qualité de Président du groupe parlementaire socialiste et au nom du parti prononcera également un discours dans lequel il met l'accent sur la carrière politique de François Blancho. Celui-ci fut député et ministre, il a rejoint notamment le gouvernement de Front Populaire sous Léon Blum, en 1936. . Gaston Deferre conclu son discours par ces mots :
" François Blancho laissera le souvenir d'un homme modeste, malgré la brillante carrière qu'il a accomplie, il laissera aussi le souvenir d'un homme d'une parfaite intégrité, entièrement dévoué à ses concitoyens, à cette classe ouvrière qu'il a tant aimée"
Plusieurs voitures chargées des gerbes et couronnes de fleurs ouvrent le cortège, empruntant l'avenue de la République pour se rendre au cimetière de Toutes-Aides, où attendent déjà de nombreux autres Nazairiens.
La place de l'Hôtel de ville sera dénommée Place François Blancho seulement quelques jours après par décision du Conseil municipal et inaugurée un an plus tard en février 1973. Le 1er mai 1975, Etienne Caux dévoile le bas-relief représentant François Blancho, réalisé par le sculpteur Jean Fréour et toujours visible sur le palier de l'actuelle salle du conseil.
